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L'incinération, c'est de la décharge toxique, parfois sauvage...

 

 

Saint-Cyr-sur-Morin : bras de fer autour de 31 000 t de mâchefers pollués enfouis

>Île-de-France & Oise>Seine-et-Marne|Sébastien Roselé|29 mai 2018, 16h05|MAJ : 29 mai 2018, 16h40|0     Saint-Cyr-sur-Morin, le 22 mai. La maire, Édith Théodose (SE), se bat pour que ces cendres polluées soient retirées. Derrière elle, des habitants ont installé ce panneau faussement attribué à l’entreprise qui a produit les mâchefers. LP/Sébastien Roselé

 

http://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/saint-cyr-sur-morin-bras-de-fer-autour-de-31-000-t-de-machefers-pollues-enfouis-29-05-2018-7741962.php 

 

Une filiale d’EDF, un transporteur et un intermédiaire ont fait appel de leur condamnation pour cette pollution, notamment à l’arsenic. La maire de Saint-Cyr exige que ces résidus d’incinération de déchets soient évacués sans délai.

C’est un joli champ de marguerites en bord de départementale dans un hameau de Saint-Cyr-sur-Morin. Mais sous cette apparente prairie riante dorment plus de 31 000 t de mâchefers pollués depuis cinq ans. Il s’agit du produit de la combustion de déchets d’usine d’incinération. Ils sont là depuis qu’ils ont été déposés, en août 2012, par une noria de 1 500 camions. Or ils sont censés être entreposés dans des installations soumises à autorisation. D’après les analyses, ils contiendraient 1,9 mg d’arsenic par kilo alors que la norme à respecter est de 0,5 mg/kg. Le tribunal de Paris, début juillet 2017, a condamné les trois entreprises qui ont déposé ces mâchefers sans en avoir l’autorisation. Parmi elles, on trouve une filiale d’EDF, la société Cideme. Le patron du groupe Tiru, qui gère la Cideme et qui appartient donc lui aussi à EDF, se présente comme « victime » dans ce dossier. « Nous avons subi le comportement délictueux d’une entreprise », dit Pierre de Montlivault. Les trois entreprises ont fait appel. La date de la nouvelle audience n’a pas encore été fixée. À Saint-Cyr-sur-Morin, on réclame le retrait de ces déchets. Et sans attendre. La maire de ce village de 1900 âmes, Édith Théodose-Poma (SE), était conseillère municipale à l’époque des faits. Elle veut que les mâchefers partent et vite, maintenant que les faits ont été jugés, même s’il y a eu appel qui est suspensif. « Nous voulons que la loi soit respectée », lâche simplement l’élue. Le Cideme a manifesté sa volonté de ne pas attendre le nouveau jugement. Mais pour ôter les mâchefers, il faut procéder avec méthode. Un bureau d’étude a été mandaté pour expliquer comment il fallait faire. Ses conclusions ont été présentées en sous-préfecture de Provins le 2 mai dernier en présence des services de l’Etat, de la mairie et de la filiale d’EDF. Amère, la maire lâche : « La Cideme n’a pas pris autant de précaution pour les déposer. » Amère et inquiète : « Les délais proposés par cette étude vont se terminer comme par hasard juste avant le procès. » Le directeur général de Tiru se veut rassurant. « J’espère que l’enlèvement pourra se faire cet été mais je reste prudent. En tout cas, il n’y a rien de dilatoire. » Autrement dit, l’entreprise n’essaierait pas de gagner du temps. Ce sont les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique qui ont mené une enquête « fouillée », selon Édith Théodose. Deux ans de travail et un dossier de sept cents pages. La Cideme, filiale d’EDF, a vendu les 31 000 t de mâchefers à la société de transports Vitrans. Cette dernière, s’est ensuite fait payer par la même Cideme 437 000 € pour les évacuer.Une troisième société, RTR, s’est chargée de louer les deux terrains contigus sur 12 000 m2 au total, qu’elle avait trouvés sur le site Internet LeBonCoin aux deux propriétaires pour 1 800 € par mois au total. Si le Cideme avait entreposé ces 31 000 t de mâchefers dans une installation idoine, elle aurait dû débourser plusieurs millions d’euros. Selon le jugement, que nous nous sommes procuré, « la Cideme a fait une économie considérable de l’ordre de 3 à 4 M€ ». En première instance, les trois entreprises ont été condamnées. La Cideme doit payer 200 000 € d’amende, Vitrans 100 000 € et RTR 51 500 €. « Ce sont des peines exemplaires selon notre avocat », commente la maire Edith Théodose. Les habitants ont lancé une pétition sur www.change.org/p/moras-pollution. Plus de 700 personnes l’ont signée. Elle est adressée à Agnès Buzyn (ministre de la Santé), Gérard Colomb (ministre de l’Intérieur), Nicolas Hulot (ministre de la transition écologique et solidaire) et Nicole Belloubet (ministre de la justice). Les mâchefers, c’est quoi ? Une usine d’incinération, où brûlent les déchets, produit des fumées et des cendres. Ce sont ces dernières que l’on nomme les mâchefers. S’ils ne contiennent pas de polluants, ils peuvent servir de sous-couche pour les routes. S’ils en contiennent, ils doivent être stockés dans ces centres habilités. En tout cas, ils ne peuvent être déposés dans un champ, comme c’est le cas à Saint-Cyr-sur-Morin. D’autant que selon le jugement, les mâchefers déposés contiennent 1,9 mg d’arsenic par kilo, au lieu des 0,5 mg maximum légaux. La Cideme, filiale d’EDF, se présente comme victime dans ce dossier. Pourtant, selon la loi, elle aurait dû vérifier qu’on ne faisait pas n’importe quoi de ses mâchefers. La Cideme conteste ce point. S.R.

 

 

 



29/05/2018
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